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L'oiseau des Tropiques Serena Leigh Dalban Florencia Raitzin-Legrand a récemment écrit son autobiographie L’oiseau des Tropiques ses vols et ses notes… sous le nom de Serena Leigh Dalban. L’édition limitée de L’oiseau des Tropiques, offerte par les élèves du P.I.M. au profit des bourses d’études, est en vente chez Galignani, 224 rue de Rivoli, 75001 PARIS ou, sur rendez-vous, à l’Institut de Musique de Paris (tél : 0142604840)
Quelques extraits du livre : ...Partie de Pologne pour rejoindre son fiancé à New York, ma grand-mère maternelle s’est trompée de bateau. C’est comme cela qu’elle s’est retrouvée mariée à mon grand-père qui, depuis la Russie, était en route pour l’Argentine. Notre talent pour la musique nous vient sans doute de cette aïeule distraite et polo- naise qui chantait si bien. De bonne famille autrichienne, explorateur plus qu’émigrant, mon grand-père paternel s’en alla pour les “terres nouvelles” comme on part à une partie de chasse. Il aimait le luxe. Nous en avons tous hérité... Il m’arrive encore de me réveiller à Paris, désorientée, en .....Si je devais me comparer à un animal ? Je crois que ce
serait la tortue, non à cause de sa lenteur mais de sa carapace.
J’hésite souvent à sortir la tête de ce monde irréel où je vis,
inventé de toutes pièces sur fond de musique. Quand par hasard
je me décide à voir ce qui se passe autour de moi, je le regrette.
Pas toujours à cause des autres mais parce que mon sens esthé-
tique ou ma timidité m’ont poussée à dire ou faire une bêtise.
La plupart du temps, j’ai l’impression de passer ma vie à attendre
tout simplement que quelqu’un me remette sur mes pattes et sur
le bon chemin. La communication redeviendrait possible.....
.....Comme antidote au professeur unique j’ai un jour ima- giné recevoir dans mon salon maîtres et élèves étrangers, tout en laissant les portes ouvertes aux musiciens français. C’était une nouveauté absolue en 1970 car habituellement comme l’avait fait Cortot et tant d’autres, un seul maître régnait sur une série de cours. Le succès fut foudroyant, d’autant plus que l’argent n’intervenait pas dans cet échange de haut niveau. ...A six ans il est arrivé comme une pelote de laine, bonnet, gants, écharpe, tête bouclée. Seuls ses doigts demeurent comme des baguettes chinoises. Chaque partition est pour lui “trop dure”. Quelquefois il renifle, les larmes finissent toujours par un baiser. Je lui explique: les notes sont des notes, que ce soit de Bach ou de Bartok. Pas la peine de commencer par “Hanonner”, on va directement vers la musique. Les gammes on les intercale, les accords, les tonalités on les explique au passage. Les premières années sont un jeu, la réflexion viendra plus tard quand la musique sera rentrée par les pores. C’est passionnant un enfant comme Gregory. Les autres ne sont qu’un pâle reflet des adultes. Gregory comprend et se rappelle tout ce que je lui apprends. Un jour il m’a dit qu’il n’arriverait jamais à jouer à deux mains. Quand je l’ai menacé, gentiment, de faire venir le médecin, il s’est caché sous le piano. “Tu dois attaquer la touche de bas en haut : le son monte…”. Il regarde le plafond.... ...La passagère inconnue qui a croisé Grace de Monaco sur la
passerelle du “Renaissance” à minuit, en Mai 68, c’était moi. Elle
descendait, royale, habillée divinement, je montais, fatiguée par
une randonnée de douze heures en voiture, non stop, Paris-
Montecarlo.
J’ai failli rater ce voyage de rêve. Contactée à la dernière
minute, en remplacement, les moyens de transports paralysés
pour cause de révolution, j’ai été propulsée dans la voiture
d’amis-voisins qui ont vu mon désespoir. Sans trop réfléchir, ils
ont pris leur chien, fermé leur boutique, pris des sandwichs pour
la route et nous étions partis pour cette première croisière musicale, sans doute la plus réussie.
Je serais restée incognito sans la générosité de Wilhelm
Kempff, seigneur du piano qui, m’ayant entendue jouer en
cachette, a cru bon de parler de moi à Bernard Gavoty. A la fin du
voyage je faisais partie des “grands” et je jouais avec tout le
monde lors du dernier concert. Dépôt légal : 2005 L’oiseau des Tropiques recherche éditeur pour s’envoler plus loin..; | ||
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